La fac. La belle époque.
Les cours en amphi, les maîtres de conférences, les soirées étudiantes, les promenades sur le campus…En ces temps de rentrée universitaire, il est intéressant de se pencher sur une différence culturelle majeure entre l’Hexagone et le pays de l’oncle Sam : la fierté de faire partie de son université. Il est vrai que les USA comptent les plus prestigieuses universités du monde : Harvard, Yale, Stanford, MIT, Columbia et j’en passe. Mais le sentiment d’appartenance et de fierté fait complètement partie de la culture américaine. Dès le lycée, les remises de diplômes en grande pompe avec toques et toges marquent la vie de chaque citoyen américain. Il s’agit là d’un rite de passage à immortaliser par des parents aux anges. Bien loin de la « remise de diplôme » française tout simplement inexistante. A moins, bien-sûr, que l’on considère comme cérémonie le fait d’aller au secrétariat se voir remettre le fameux sésame, comme si c’était un vulgaire formulaire d’inscription à la cantine. Pas de quoi gonfler notre égo…
L’entrée à la fac aux USA est déjà en soi un moment très honorable quand, en France, on entend : « Il va à la fac car il ne sait pas quoi faire ! ». Drôle de perception. Mais là où on se rend compte du point de vue ultra positif typiquement américain sur les études, c’est lorsqu’on voit les étudiants arborer tous les objets dérivés floqués au nom de leur fac adorée. Sweat, pantalon, gilet, casquette, mug, fanion dans la chambre, autocollants sur la voiture, stylos dans la trousse, et même culottes et caleçons !! « My heart belongs to Stanford ». Le phénomène est un tout petit peu visible en France, mais uniquement dans les grandes écoles tandis que même les petites universités publiques d’Etat aux USA ont leur sweat à leur effigie. De quoi s’interroger…
La raison vient-elle de cette grande idée selon laquelle l’Américain n’a pas peur de la réussite, ne craint pas de l’afficher et ce, sans fierté mal placée mais bel et bien une noble estime de soi, tandis que le Français, encore et toujours, préfère jouer le désabusé, celui qui arrive second ou celui qui rate le concours d’entrée de peu ? Les goodies personnalisés au nom des universités ne font pas que révéler la fierté d’avoir réussi à intégrer la fac après avoir fourni des efforts durant toute sa scolarité, ils manifestent également un fort sentiment d’appartenance. Une émotion chère aux jeunes gens et au genre humain en général. De la même manière que le bracelet Livestrong de Lance Armstrong prouvera votre engagement contre le cancer, celui au nom de votre fac prestigieuse prouvera le mal que vous avez dû vous donner pour réussir à entrer dans cette école de haut vol.
Même le Crimson,fameux journal de Harvard, mentionne que l’un des atouts « fashion » des 1ère année est le lanyard personnalisé au nom de la plus ancienne fac américaine. La classe ! (voir l’article Upperclass Eye for the (Straight) Freshman Guy )
Tout cela pour dire que déambuler sur les campus américains où dans les villes étudiantes des USA fait chaud au coeur. Non, ce n’est pas idiot de se balader avec un tee-shirt NYU ou d’être fier d’avoir intégré l’école de ses rêves. En réalité, rien de ce qui peut booster votre « self respect » dans ce monde qui s’évertuera à le mettre à l’épreuve ne doit être écarté ou déconsidéré. Tout un chacun en a trop besoin. Quoi qu’en disent les rabat-joie cyniques.