Juliette Salomé, de l’association 2FPCO vient nous parler des bouleversements que connaît notre marché et des nombreuses perturbations inédites qu’ils entraînent:
Le marché est en effet touché par plusieurs phénomènes de façon simultanée:
1. En Asie (Chine ou au Bangladesh), les salaires ont à nouveau très fortement augmenté au cours de cette année ;
2. En raison du développement de leurs marchés intérieurs et des nouvelles possibilités qui s’offrent à eux, de nombreux ouvriers qui travaillaient jusqu’à présent pour cette industrie ont choisi une nouvelle voie et n’ont pas réintégré leur poste de travail, entraînant l’allongement des délais de fabrication voire l’annulation de certaines commandes pour cause de pénurie de main d’œuvre;
3. Suite à la violente baisse d’activité de 2009, de nombreuses usines en Asie ont fermé leurs portes. Les prémices de reprise conjugués au développement des marchés intérieurs asiatiques ont entraîné un déficit d’usines compétentes et professionnelles pour fabriquer les nouvelles commandes ;
4. Une pénurie d’énergie est venue ajouter à la gravité de la situation : les infrastructures au Bangladesh n’ont pas permis d’alimenter le besoin du pays en gaz dont la consommation a doublé en 10 ans, perturbant les usines en raison de coupures fréquentes et affectant leur productivité d’environ 60 à 80%, entraînant de nouveau des retards importants ;
5. Cette forte demande a dopé les cours des matières premières et notamment du coton qui a augmenté de presque 100% en une seule année; ce qui est également une conséquence directe des conditions climatiques difficiles de cette année en Chine, en Inde et au Pakistan,
6. Les nouvelles normes européennes et mondiales qui imposent, pour le bien commun et celui des générations futures, aux usines et aux importateurs une multitude de tests nécessaires pour respecter la norme ‘REACH’, ont également entraîné des surcoûts importants ;
7. Les cours du pétrole ont eu un impact important sur les coûts de transport qui ont presque doublé en un an ; en ajoutant le système « ECOFUEL » qui s’inscrit dans une démarche « durable », les délais d’acheminement se sont trouvés allongés, les navires réduisant leur vitesse pour respecter le système ECOFUEL et la protection de l’environnement ;
8. La hausse du Dollars U.S. dont le taux était pour mémoire de Euro/Dollar 1.44 le 02 janvier 2010, pour atteindre 1.35 ces jours-ci, ainsi que la revalorisation progressive de la monnaie chinoise, le RMB, ont à leur tour impacté de 10% à 13% les prix de revient.
Dans ce contexte où tant de facteurs sont à la hausse, il est également difficile de mesurer la part de spéculation néanmoins existante aussi bien de la part des fabricants de matières premières que de la part des usines de produits finis.
En 2011, la Chine va rester au centre de nos préoccupations. La situation s’est heureusement améliorée par rapport à ce début d’année. Cependant, les sujets importants comme l’offre de main d’œuvre, les capacités de transport et le prix des matières premières demeurent. Avec énormément de pression sur le prix du coton, la situation des produits textile, à la fois en Chine et au Bangladesh, est sous pression. Ces sujets vont certainement rester parmi les principaux soucis des importateurs et les fournisseurs de notre industrie.
Les conséquences ne sont pas particulièrement agréables, mais elles sont inévitables. il est clair que l’augmentation des prix, les délais plus longs et les capacités de production plus réduites continueront tout au long de 2011.
Concrètement, la conjugaison de tous ces dérèglements a déjà généré une hausse des prix importante en 2010 et qui va continuer en 2011, notamment pour le textile…
Face à cette situation, la majorité des acteurs de notre secteur d’activité a prudemment choisi pour 2011 de communiquer une liste de prix qui ne sera valable que jusqu’à nouvel avis car il est impossible de s’engager sur du long terme, voire même du moyen terme.
Bien que les problèmes ne devraient pas être aussi importants qu’en 2010, il y aura des challenges identiques à relever compte tenu des capacités des usines et l’offre de transports pendant cette période. Nous espérons un retour à la normale qui ne se traduira cependant en aucun cas par un retour aux prix d’avant la crise, mais par une stabilisation des prix ; cette stabilisation nous permettra au moins à tous de recommencer à travailler sereinement.
Merci Juliette! N’hésitez à visiter le site de la Fédé: www.2fpco.com
Pour continuer votre lecture sur la Chine:
Dossier Chine: La dimension culturelle Chinoise
Combien gagne un Chinois?